Respecter un ordre chronologique reviendrait à vous parler de la Nintendo, première du nom, avant de vous pondre cet article. Mais comme je suis un peu le chef et que je fais quand même un petit peu ce que je veux, je vais vous parler de la Super Nintendo. La sacro-sainte Super Nintendo. Il s’agit là tout simplement de ma première console de salon. La console qui nous a obligé à changer de téléviseur couleur pour en obtenir une avec une prise peritel à l’arrière du petit-écran. Un véritable investissement pour l’époque. A titre personnel j’ai découvert cette console un peu tardivement en 1994 avec un pack Super Mario All Stars du plus bel effet. Un package coloré et soigné avec la console et la cartouche qui contenait 4 jeux en 1. J’avais donc de quoi patienter un petit moment avant d’harceler mes parents sur le « prochain et tout dernier jeu de la mort qui tue » à acheter à tout prix. Mais je vais revenir sur ma propre expérience personnelle avec la console un peu plus tard dans ce mini-dossier.
Un petit peu d’histoire
On va se placer rapidement dans le contexte de l’époque pour expliquer les raisons du lancement de la Super Nintendo. Dominateur sur le marché des consoles de salon avec la NES et également sur le marché des portables avec le GameBoy, Nintendo était confortablement installé dans le marché du jeu video. La demande des consommateurs était importante et le succès de ses machines aidant, le géant nippon dirigeait tous ses efforts et investissait en masse pour la promotion de sa petite portable. L’arrivée de la petite dernière de chez SEGA, la Megadrive, mais aussi du PC ENGINE de NEC va bouleverser le marché et précipiter Nintendo à une réaction rapide et attendue pour répondre à la concurrence. Le développement de la console a débuté pourtant dès 1987 et un premier prototype de la console a été présenté en 1989 à la presse et aux professionnels du milieu par son concepteur Masayuki Uemura et Shigeruu Miyamoto qu’on ne présente plus. La console n’était, rappelons-le, qu’à l’état de prototype. Des mois et des mois de développement et de tests étaient encore à prévoir avant de pouvoir commercialiser la machine. Mais devinez qui vient bouleverser tous les plans de Nintendo? SEGA. Car c’est plus fort que toi (oui je voulais bien la placer celle là). En sortant et commercialisant sa Megadrive dans la même période, SEGA venait de devancer Nintendo et prenait du coup un certain avantage sur le marché des consoles de salon, avec une machine plus puissante sur le papier grâce à un processeur plus performant que celui prévu pour la Super Nintendo. Le successeur de la Master System était bien là et comptait bien prendre sa revanche sur sa grande soeur en partie boudée par le public japonais et américain pour le marché des consoles 8 bits. C’est à partir de là qu’une guerre sans partage va faire rage entre les 2 géants de l’industrie vidéoludique. La sortie de la « Super Famicom » au Japon, le 21 Novembre 1990, provoquera un véritable raz de marée chez les commerçants. Les boites de consoles s’envolaient très rapidement et étaient prises d’assaut par le public. Des ruptures de stocks inévitables et une demande très important poussaient Nintendo à augmenter son rythme de production et sortir des consoles plus vite que prévu. Les re-stocks étaient rapidement épuisées et certaines enseignes étaient obligés de désigner les futurs heureux acheteurs par tirage au sort pour éviter tout débordement. Le premier pack Super Nintendo sorti en Europe en 1992 comprenait la console ainsi que Super Mario World pour 1290 francs (environ 200 Euros). Ce prix était volontairement aligné sur celui du pack Megadrive qui incluait la console et Sonic The Hedgehog 2, pour contrer son concurrent.
La reine des RPGs … mais pas que …
Il y’en a eu une flopée de packs sortis avec la console. Mais ce qui caractérisait le mieux la console et son succès étaient ses jeux. Et à ce niveau, la barre était très haut placée tant au niveau quantitatif que qualitatif. Techniquement, dans les trois secteurs majeurs qui permettent de jauger au mieux une console, avec la gestion video, la gestion sonore et la gestion de l’animation par le processeur et la RAM, la Super Nintendo affiche une nette avance côté graphique et côté son. Pour l’animation, sa concurrente directe, la Megadrive, était nettement plus avancée. Pour combler ce manque et pousser certains jeux au maximum de leurs capacités, les développeurs incluaient des petits co-chips intégrés aux cartouches de jeux, permettant donc de « soulager » la console d’un certain poids de calculs et de combler le manque technique qui faisait défaut à la console au départ. Si la Megadrive avait un processeur central qui calculait l’intégralité des opérations, la Super Nintendo se contentait de dispatcher ses calculs entre plusieurs processeurs, également intégré aux cartouches de jeux. Et il faut dire que le résultat à l’écran était bluffant. C’était beau et coloré, avec des sons et une qualité sonore d’excellente facture et une animation pour certains jeux tout bonnement exceptionnelles. Tout n’était pas rose car des navets, en matière de jeux, il y’en a eu, comme dans toute bonne console qui se respecte. Mais pour la plupart d’entre eux, la qualité était au rendez-vous. Alors, bien sûr, avec une vision d’enfant (car oui j’étais un gamin quand j’étais plus petit) tout semblait merveilleux et aucun jeu ne pouvait être critiqué, tant cette envie de jouer était comblée dès les premiers instants à l’allumage de la console. Et cette envie de jouer, elle m’est d’abord passée par les jeux de plates formes de la 16 bits. Avec cette réputation de console RPG, l’on a presque oublié que les premiers succès majeurs de la Super Nintendo étaient basés sur des jeux comme Super Mario World, Super Castlevania, Prince of Persia, Earthworm Jim, le magique Aladdin ou encore Donkey Kong Country.
Après, bien sûr l’une des valeurs sûres de la console reste sa capacité à livrer des jeux de qualité en matière de RPG. D’ailleurs, mon premier RPG était Mystic Quest Legend, un jeu que j’ai pris un peu au hasard moyennant 99 francs qui était fourni avec son guide. Ce même pack aujourd’hui me couterait un rein sans abuser. J’avoue avoir eu un peu de mal avec ce concept de jeu mêlant aventure et scènes de combat au tour par tour. Quand j’avais 10 ans et que les seuls jeux de références que j’avais étaient Street of Rage ou Final Fight, c’était un peu compliqué au départ. Après un certain d’adaptation, j’ai compris et apprécié ce nouveau type de jeu et il faut dire qu’il y’avait de quoi faire sur la machine. Je pourrais vous citer le légendaire Secret of Mana, Zelda A Link To The Past, qui est pour certain et toujours à ce jour le meilleur Zelda toutes consoles confondues, ou encore Chrono Trigger. La liste est longue et je me permettrais de vous faire un petit Top en fin d’article à ce sujet. La durée de vie de ces jeux était assez conséquente et le rythme de sortie des jeux sur SNES à l’époque était plutôt acceptable, ce qui me laissait le temps de retourner un jeu dans tous les sens, avant d’en acheter et commencer un autre.
Car les jeux valaient une blinde à l’époque. Surtout les RPGs. Il fallait compter entre 430 et 500 francs (65-75€) pour un jeu neuf fraichement acheté au supermarché. Quand on est gamin et que l’argent de poche est votre seul moyen de survie pour cultiver sa passion, ça donne à réfléchir. Et du coup, on y regardait la jaquette au dos des boites à plusieurs reprises pour se décider à acheter un jeu. Alors, il y’avait certes des magazines spécialisés déjà disponibles à l’époque, mais personnellement je ne connaissais pas encore ce type de presse papier.
Outre les RPGs, la Super Nintendo nous a également livré quelques jeux qui font un peu figure d’inclassables du JV comme Mario Paint et son pack tapis de souris + souris qui vous fera développer vos talents de dessinateurs en herbe à partir d’une feuille blanche ou en coloriant des dessins tout droit sortis des studios Nintendo. D’autres mini-jeux originaux vous feront mettre dans la peau d’un chasseur de mouches ou d’un talentueux compositeur musical. Assurément, un OVNI du jeu video.
Evolution de la Super Nintendo
Avec une console de qualité et des jeux qui l’étaient tout autant, et de surcroît en quantité, il n’y avait pas une seule ombre au tableau de Nintendo. C’était sans compter sur la détermination de SEGA, son concurrent direct, de se re-approprier le leadership de cette génération de console. Et pour se faire, il développa dans le plus grand secret une extension pour sa Megadrive: la 32x. Après un échec cuisant de son MegaCD, SEGA ajouta donc un composant hardware qui permettrait de multiplier par 2 la puissance de sa machine actuelle et ainsi faire tourner ses jeux en 32 bits. Pour contrer ça, Nintendo décide alors de coopérer avec SONY, géant industriel et leader du marché des CD et des blocs optique. Le projet PLAYSTATION voit alors le jour. Oui, PLAYSTATION, fruit de la collaboration entre Nintendo et Sony. Une Super Nintendo survitaminée avec un lecteur de CD pour augmenter significativement la taille des jeux et par la même occasion accroitre leur qualité. Cependant, pour certaines raisons financières, Big N décida de faire appel à Philips plutôt que Sony pour développer son projet. Alors que le projet initial avec Sony était de faire une refonte totale de la console avec plus de puissance et un lecteur CD intégré, Nintendo abandonna cette option pour ne développer qu’un add-on qui viendrait se greffer à la Super Nintendo actuelle. Le géant du CD nippon, lui, décida alors de faire cavalier seul et ressortir le projet Playstation quelques années plus tard avec tout le succès que tout le monde connait aujourd’hui. Certains privilégiés à travers le monde ont quand même eu l’opportunité de se procurer le prototype de la PLAYSTATION développée par Nintendo et Sony. Terry Debold est l’un de ces heureux élus qui possèdent la console, achetée pour une poignée de dollars (75$) lors d’une vente aux enchères, et qui l’a également présentée cette année au public lors du MAGIC MONACO, que je recommande fortement au passage. J’ai eu la chance de pouvoir mettre les mains sur ce rare petit bijou, mais qui ne restera au final qu’une vulgaire Super Nintendo modifiée, n’ayant pour fonction que son bloc cartouche de fonctionnel. D’après son propriétaire avec qui j’ai eu la possibilité de discuter à ce sujet, le lecteur CD a été bloqué volontairement par Sony suite à la collaboration inachevée et ratée avec Nintendo.
Les accessoires
En terme d’accessoires, il y’avait également des trucs assez sympa que je n’ai jamais utilisé mais qui se doivent d’être testé au moins une fois juste par curiosité. Le premier qui viendra à l’esprit de la plupart d’entre vous est le fameux Nintendo Scope. Il s’agit d’un lance-roquettes optique assez impressionnant au design sobre et épuré. Le petit frère over-boosté du Zapper de la NES qui fait pâle figure à côté. Malheureusement la liste des jeux développés pour ce support étaient très limités.
Il y’a eu également la souris de la Super Nintendo. Comme indiqué plus haut, elle accompagnait la sortie du jeu Mario Paint et permettait aux dessinateurs en herbe de révéler leurs qualités artistiques sur petit écran. Cet accessoire ne génère aucun véritable intérêt mais il permettra de découvrir une autre façon de jouer et toucher pourquoi pas un public plus sage et créatif. Là aussi, l’intérêt d’un tel objet est à remettre en question. Malgré la compatibilité de l’accessoire avec plusieurs genres de jeux (stratégie: Might and Magic III ou Civilization pour ne citer qu’eux ou Action: Jurassic Park) il ne m’a jamais traversé l’esprit d’acheter un tel objet pour jouer. Sans doute un problème de pensée binaire qui n’avait d’yeux que pour le pad.
L’accessoire le plus important d’une console. L’intermédiaire entre notre pensée et la machine. Le souffre douleur de nos émotions impulsives et incontrôlées. Le pad. Et quel pad !!!!! Sans aucun doute, celui qui a révolutionné le genre dans le jeu video. Tant d’un point de vue esthétique que d’un point de vue technique. Fini le banal pad rectangulaire aux angles pointus et au confort négligé. Nintendo fait place à une manette au design plus arrondi et des couleurs plus vives. La prise en main est immédiate et confortable par rapport à ce qui se faisait avant l’ère de la SNES. A première vue, il s’agit d’une manette classique à 4 boutons. Cependant Nintendo y a ajouté une petite touche d’originalité avec des gâchettes latérales sur la partie supérieure du pad. En terme d’ergonomie, elle épouse assez bien la paume des mains et les touches sont faciles d’accès. Les 4 couleurs des principaux boutons permettent de bien les différencier et puis il faut quand même dire qu’elle a vraiment belle allure.
Top 5 des jeux Super Nintendo
- Secret of Mana
- Super Metroid
- The Legend of Zelda: A Link To The Past
- Dragon Ball Z 2: La Legende Saien
- Super Mario World
Certains d’entre vous ne seront sûrement pas d’accord avec ce petit classement. Ce sont tout simplement les jeux où j’ai pris le plus de plaisir et qui me feront reprendre le pad de ma console aujourd’hui sans hésiter et passer un agréable petit moment dessus.
La petite soeur de la NES avait tout d’une grande et le passage de pouvoir familial a été relevé avec brio. Avec une pléiade de jeux disponibles (mention très spéciale aux RPGs et jeux de plateforme), des licences à la pelle et une durée de vie phénoménale pour chacun d’entre eux, la petite poule aux oeufs d’or de Nintendo a su régaler les gamins ou les joueurs plus âgés dans les années 90. Aujourd’hui encore les joueurs les plus nostalgeek y vouent un culte sans précédent et n’hésitent pas à la qualifier comme étant la meilleure console jamais crée à ce jour. La console à ce jour est relativement facile à trouver en loose à des prix parfois prohibitifs (prévoir environ 70€) pour une console sans la boite d’origine. Avec l’ensemble de ses accessoires et son emballage d’origine, les prix s’envolent littéralement (prévoir au minimum 150€) peu importe l’état. Quand on aime on ne compte pas. Surtout pour cette console là.
[…] premier jeu de foot c’était sur Super Nintendo avec FIFA International Soccer. Il s’agissait là du tout premier FIFA sorti sur console […]