L’arrivée en grande pompes et la démocratisation du survival horror sur consoles de salon a commencé en 1996 sur Playstation. Si Alone in the Dark en avait déjà posé les bases sur PC quelques années en arrière, il faut dire que les jeux développés autour de ce thème frôlaient le néant. Pourtant le sujet est très apprécié des amateurs de frissons, sueurs froides et discrets sursauts de 3 mètres inexpliqués, grâce notamment au 7ème art. Mais tout ça, c’était avant … Voilà que Capcom nous ramène sa fraise en 1996 avec un titre qui restera dans les annales (avec un ou deux « N », faites votre choix). Le studio japonais revisite à sa manière le genre horreur/aventure/action et le résultat est assez impressionnant, le tout en 3D. Si le jeu a rencontré un franc succès auprès de son public, il n’était clairement pas conseillé de le laisser entre toutes les mains. Les cardiaques et âmes sensibles pouvaient s’abstenir. Quant aux autres, veuillez laissez une petite lampe de chevet allumée dans votre chambre et vérifiez bien que personne ne se cache dans votre placard, au cours du jeu. On ne sait jamais ce qui pourrait s’y cacher …
Le jeu
L’action se déroule en 1998, quelque part dans les environs de Raccoon City, dans les montagnes d’Arklay. Une première équipe de commando, l’équipe BRAVO, est envoyée sur les lieux pour enquêter sur des disparitions humaines mystérieuses et inexpliquées, ainsi que sur des attaques cannibales et animales recensées dans cette zone isolée. L’absence d’information et de communication du groupe nécessita alors l’intervention, quelques heures plus tard, d’une autre formation d’élite, l’équipe des STARS. C’est là que tout commence … Et le premier choc, dès l’introduction du jeu est cette cinématique. Entre effets spéciaux bâclés et jeu d’acteurs à pleurer, Capcom aurait pu nous concocter quelque chose de plus correct, mais pas la peine de s’y attarder car la suite effacera sans doute cette piètre introduction digne d’une série B.
Une fois sur place, après avoir été déposé en hélicoptère par le courageux Brad Vickers, les membres des S.T.A.R.S débutent leur ronde par un repérage de terrain et commencent leur enquête en formation groupée. Dans une nuit noire où la visibilité est quasi nulle, et après la découverte d’un cadavre démembré d’un de leurs ex-coéquipiers, la formation se verra attaquée par une meute de cerbères sanguinaires. Confirmant les doutes quant à la disparition de la première équipe d’intervention. Le courageux pilote de l’hélicoptère, lui, ne s’est pas posé de questions et a pris la fuite lâchement, laissant ces coéquipiers pour morts. Pris de court, trois des membres des S.T.A.R.S, poursuivis par ces bêtes à quatre pattes, se dirigent droit dans un manoir, salutaire à première vue, et décident de s’y réfugier. C’est à ce moment que vous intervenez et que le jeu commence.
Chris Redfield ou Jill Valentine?
Dès le début du jeu, vous aurez le choix de débuter votre aventure avec Chris Redfield ou Jill Valentine, deux des membres du commando S.T.A.R.S. Un gars, une fille. Cette différence de choix n’est pas là pour avoir un semblant d’équité homme-femme et permettre à chaque joueur de s’identifier à un personnage. Ici les deux personnages ont leurs propres rôles, armes, scénarios, difficulté et le déroulement du jeu en sera grandement impacté. Dans le rôle de Chris, vous débuterez avec comme seule arme de base un couteau et la difficulté du jeu sera plus élevée. Dans celui de Jill, vous aurez un Beretta 9mm pour commencer et le challenge sera un poil plus facile. Deux jeux en un complémentaires, pour le plus grand bonheur des joueurs.
Techniquement bluffant
Les personnages du jeu sont modélisés en 3D temps réel et les décors en 3D pré-calculés pour une consommation moindre des ressources de la console. Avoir de tels détails dans un jeu était exceptionnel. Nos rétines s’en souviennent encore: les décors sont variés, les textures de l’environnement et les éclairages à l’intérieur du manoir comme à l’extérieur sont superbes. Les personnages, eux, sont très réussis graphiquement, leurs mouvements très réalistes et fluides.
Arsenal de guerre et gestion des stocks
Vous commencerez le jeu avec le strict minimum en matière d’armes. Tout au long de l’aventure, ce sera à vous de trouver vos propres munitions et nouvelles armes parsemés ici et là à travers le manoir. Mais essayez d’en faire bon usage car une bonne gestion des stocks est nécessaire pour une bonne progression dans le jeu. L’inventaire de nos personnages étant limité, il vous faudra faire des choix tactiques, voir vitaux pour passer certains tableaux. Spray ou fusil à pompe, ruban encreur ou petite clé? Un choix certes cornélien en fonction du lieu et de l’état de votre personnage. Votre progression dans le jeu, elle, se fera par un système de sauvegarde par « ruban encreur », dans des salles de repos avec une mélodie qui en a fait souffler plus d’un. Imaginez votre personnage dans un état critique, proche de la mort, plus de munitions, vos nerfs sont à rude épreuve, la dernière sauvegarde faite il y’a deux heures, vous ouvrez cette porte en priant de ne pas tomber sur un zombie ou autres chiens enragés et là … vous entendez cette mélodie apaisante symbolisant la pièce où vous pourrez restaurez Chris ou Jill. En matière d’armes vous aurez tout le loisir de buter vos ennemis avec un arsenal qui évoluera au fil du jeu. Plus vous progresserez, plus les armes trouvées auront un impact dévastateur sur vos ennemis.
Zombies et compagnie
Les ennemis justement. Les zombies auront la part belle dans la majeure partie du jeu, mais vous pouvez tomber nez à nez avec d’autres créatures sanguinolantes, tels que les fameux « Hunters », capable de vous arracher la tête en un coup de patte, les araignées surdimensionnées, le serpent géant etc etc. Amusez vous à les dégommer un à un, où esquivez les en fonction de votre inventaire et votre état de santé. Vous vous improviserez également comme herboriste temporairement pour soigner vos blessures infligées par les créatures du manoir. Certains mélanges d’herbes (médicinales hein …) vous permettront de restaurer votre état de santé plus ou moins rapidement. Il existe trois types d’herbes dans le jeu. L’herbe verte restaure partiellement votre énergie. L’herbe verte guérit du poison. L’herbe rouge n’a aucun effet seule. Le mélange de ces herbes vous permettront de multiplier leurs effets et obtenir un regain d’énergie plus rapide sur votre personnage.
Sherlock Holmes en herbe
Certes, vous passerez la majeure partie de votre temps à flinguer du mort vivant à chaque couloir du manoir, mais pas seulement. Le jeu vous poussera également à chercher et trouver des objets partout dans la baraque (placards, tiroirs, coffres) et deviner quel est leur utilité. Pleins de petites énigmes et puzzle-game ici et là pour vous faire cogiter un peu et remuer vos méninges. Pas de quoi avoir un QI de surdoué pour les résoudre non plus.
Malgré une introduction pourrie par un jeu d’acteurs pitoyable et des dialogues plats à revoir, le jeu se révèle très bon par la suite. Non linéaire, avec une sensation de liberté très agréable, une fois toutes les salles du manoir débloquées, Resident Evil vous offrira une bonne dizaine d’heures de jeu pour boucler le jeu. Ajoutez à cela la possibilité de débuter l’aventure avec un deuxième personnage et vous aurez là un jeu avec une durée de vie très honorable. Le gameplay, on s’y fait à la longue, malgré une certaine « rigidité » des personnages. Et puis, ce qui fait le charme de ce jeu est incontestablement ce sentiment de peur, d’angoisse à chaque pièce du manoir. Qui d’entre-vous n’a pas sursauté lorsque les chiens défoncent les vitres d’une des salles de la baraque? J’ai sursauté et éteint la console directement à titre personnel. J’avais 12 ans. Qui n’a pas sursauté lorsqu’un zombie faisant le mort par terre ne s’accroche à vos pieds, que la musique du jeu s’emballe et vous stresse jusqu’à ce que vous l’ayez abattu? Un très bon jeu, à juste titre, à faire au moins une fois dans sa vie de gamer.